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12 août 2006

Le regard sur l'écologie de José Bové

Bov__afficheArticle de Jean-Marie Vadrot publié dans le Journal du Dimanche, le 6 août 2006

Montredon (Aveyron)
Envoyé spécial

 

Bises, dédicaces, poignées de main, dessins apportés par des enfants ... Au milieu des siens et des touristes, en plein marché de Montredon, au cœur du Larzac et à quelques pas de sa ferme, José Bové s’est prêté cette semaine aux joies de ce qui ressemblait à un bain de foule électoral. Exercice qu’il pratique avec un plaisir visible mais sans jamais omettre un mot politique. Alors que son hameau ne compte que 20 habitants, plus de 2.000 personnes sont passées mercredi acheter des produits du Larzac et écouter Aminata Traoré, infatigable ambassadrice de l’altermondialisme en Afrique. Les produits du marché étaient bio et bons, l’ex-ministre de la Culture du Mali passionnante, mais cela ne suffit pas à expliquer l’évidente envie de voir Bové, de l’écouter, voire de le toucher. Ce qui le fait réfléchir, se demande rs’il va ou pas à l’élection présidentielle.

 

« Moi, je veux proposer les remèdes, les solutions »

 

L’éventuelle candidature de Nicolas Hulot, annoncée dans le JDD la semaine dernière ? Il l’écarte avec le sourire : « C’est tout sauf un politique et on ne peut pas se présenter à une élection sans projet, en annonçant seulement le chaos. De toute façon, ce n’est pas une idée neuve, cette candidature mijote depuis au moins un an. Nous en avions parlé au cours d’une réunion à Sauve, dans le Gard, pour voir comment il serait possible d’éviter ce que j’appellerais une candidature hors sol, c’est à dire déconnectée de tout mouvement social, une sorte de candidature millénariste annonçant seulement les catastrophes. Moi, je veux proposer les remèdes, les solutions. »

Pout José Bové, le danger, c’est de sortir les problèmes d’environnement et de développement durable de leur contexte économique et politique : « On ne peut pas parler de la marée noire de l’Erika sans évoquer la question de l’énergie, la fin du pétrole, les multinationales qui manipulent tout le monde. Comme il n’est pas possible d’évoquer les questions agricoles sans parler de l’Europe, de l’Organisation mondiale du commerce. Et on ne conteste pas l’utilisation des OGM sans poser la question du rapport de la France et de l’Europe avec les multinationales ... » _ Ayant fermement renvoyé Nicolas Hulot à « ses dénonciations, qui sont utiles, mais ne font pas une politique », José Bové hausse les épaules en évoquant Corinne Lepage et ne s’attarde pas longuement sur le cas de Ségolène Royal : « Elle parle, c’est du discours. Rien de plus. D’ailleurs, il existe encore une parcelle de maïs OGM dans sa région. Et vous avez vu le programme environnemental, agricole et énergétique du Parti socialiste ? C’est pas vraiment de la rupture. »

 

« Après septembre, il sera trop tard »

 

Sachant que Dominique Voynet ne renoncera pas « à courir après ses 3 % », l’altermondialiste de Montredon s’attarde plus longuement sur le cas d’Olivier Besancenot et de Marie-Georges Buffet. Ses deux adversaires potentiels. Plus exactement les deux obstacles sur la voie de sa candidature : « Je suis toujours disponible pour une candidature mais par rapport à une dynamique sociale, avec les gens qui se sont réappropriés le débat politique lors du référendum sur l’Europe. Cette dynamique ne peut pas être reprise par un parti. En me présentant, je ne chercherai à sauver aucune organisation politique. Besancenot et Buffet doivent avoir le courage d’envisager une candidature qui ne soit pas celle d’un parti, d’une organisation. »

José Bové explique aussi que son intention n’est pas de se soumettre à un test de popularité à l’occasion d’une élection car « cela ne rimerait à rien ». Il ne dit pas se sacrifier, mais le mot n’est pas loin : « Si on trouve un accord clair, alors il est certain que la dynamique sociale qui existe, qui attend, peut peser sur l’avenir d’un scrutin. » Quand on évoque les réseaux qui sont nécessaires à une candidature, il sourit sans répondre, laissant entendre que ses réseaux sont prêts, prêts à se mobiliser pour une campagne qui ressemblera à celle du non. Comme s’il comptait sur une démultiplication de la foule sympathisante qui défilait quelques heures plus tôt dans son hameau, où il construit sa nouvelle maison écologique : « Je pense qu’il faut vivre de la même façon que l’on parle, les gens sont sensibles à cet aspect des choses. Celà fait ma légitimité, mais est-ce que cela suffit pour être candidat, un bon candidat, je n’en sais rien ... J’en ai parlé longtemps avec le président bolivien Evo Morales ; lui aussi pense que le temps est peut-être venu pour l’entrée en politique de gens qui représentent un mouvement social. »

José Bové jure qu’à 53 ans ce n’est pas parce qu’il construit une maison qu’il se tourne vers la retraite. « De toute façon, tant que je ne suis pas en prison, ce qui peut m’arriver en novembre prochain, je peux continuer à agir. » Il se donne jusqu’à la fin de l’été pour laisser la situation se décanter car les décisions définitives « devront être prises en septembre, après il sera trop tard ». En retournant au montage de sa maison de bois, il se retourne et dit : « Ce serait passionnant, mais c’est loin d’être gagné. »

En septembre, la maison sera terminée, il pourra couper sa barbe naissante pour lancer sa campagne, comme il l’a promis en commençant la construction.

 

Claude-Marie Vadrot

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